NOTES POUR L'ALLOCUTION DE M. JACQUES PARIZEAU
MINISTRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS

5. Gestion ministérielle et cadre budgétaire

5.1. Une gestion moderne

Les défis auxquels le secteur de la Culture et des Communications est actuellement confronté ne sauraient être relevés sans une approche de gestion qui soit moderne et résolument adaptée à la réalité de l'an 2000.

Cette approche se fonde sur trois grandes tendances :

La gestion modulée et à la carte signifie, entre autres, que nous déléguons à divers partenaires - municipalités, sociétés d'État, centres de services autonomes - la responsabilité de certains volets de la mission du ministère. Cette délégation d'autorité est exigeante. Elle oblige le Ministère à se transformer.

En contrepartie, nos partenaires aussi doivent s'ajuster. Ils doivent accepter la responsabilité et les ressources, mais ils doivent également rendre des comptes. Ils devront aussi travailler davantage en réseau et exploiter les possibilités de complémentarité et de mise en commun et ce, en accord avec les besoins culturels et sociaux du Québec d'aujourd'hui. C'est sous cette forme que se dessine actuellement un nouveau partenariat avec les sociétés d'État auxquelles d'ailleurs nous allons signifier chaque année des attentes et des objectifs.

Quant à notre préoccupation <<absolue>> envers nos clientèles, elle nous amène à faire des choix qui impliquent des résultats au profit de ceux qui doivent en profiter.

Enfin, la volonté de simplicité nous conduit à privilégier des formules de guichet unique comme la Société de développement des entreprises culturelles, des formules de gestion simple comme les agences gouvernementales. C'est dans cette perspective que le Centre de conservation du Québec deviendra bientôt un centre de services autonome.

Cette même volonté de simplifier les choses nous invite à rationaliser l'administration, à favoriser la complémentarité et la mise en commun lorsque c'est possible.

C'est dans cet esprit que le musée de l'Amérique française sera fusionné au Musée de la civilisation et que les grands musées seront invités à rechercher une plus grande efficacité et une plus large complémentarité.

C'est dans cette foulée également que je souhaite, par exemple, que soient mis en commun les services de la Bibliothèque nationale et ceux des Archives nationales. Pourquoi faudrait-il maintenir deux institutions dont les mandats sont limitrophes, deux portes d'entrée pour les utilisateurs, des dédoublements de services, alors que la bonne administration passe par la réduction des frais de gestion, la fusion des services aux clients, le guichet unique, la réduction des appareils au bénéfice des programmes publics. Centrer les services publics sur les citoyens-clients c'est accepter de revoir nos manières de faire, c'est imaginer des solutions nouvelles, c'est être novateur et audacieux. Tous les organismes publics, le milieu hospitalier étant un exemple probant, sont et seront invités à entreprendre ou à poursuivre une révision et une véritable rénovation de leurs manières de faire. L'idée est toujours la même : l'artillerie lourde en administration et en gestion n'est plus le bon instrument de développement, c'est d'une cavalerie légère dont nous avons maintenant besoin. À l'instar des entreprises de toutes tailles qui, ces dernières années, ont procédé à de véritables <<décapages>> de leurs structures et de leurs coûts de fonctionnement, nous devons jeter un regard neuf sur nos modes de gestion et sur notre conception du service au public.

Notre volonté de poser les vraies questions nous a conduit à entreprendre une révision en profondeur de la mission de Radio-Québec. La transformation de l'environnement télévisuel québécois et l'émergence de nouveaux besoins en matière d'éducation, de formation et de diffusion de la culture rendent nécessaire cette révision de la mission et du mandat de Radio-Québec qui devra également prendre en compte les besoins particuliers des régions.

Un groupe-conseil présidé par M. Jean Fortier aura spécifiquement pour mandats :

5.2. Conclusion

Je me résume : la culture doit être au coeur de notre développement collectif. Les grands enjeux qui confrontent notre société interpellent aussi la culture. Dans ce domaine, comme c'est le cas en éducation, l'État aura à redéfinir son rôle, à se doter de structures d'interventions légères, à rechercher une approche souple qui s'adaptent aux particularités des régions.

Les économies budgétaires prévues au présent budget vont dans le sens de cet impératif. Elles touchent principalement le fonctionnement et la gestion du ministère et des sociétés d'État. La création constitue la source de notre capacité collective d'innover. L'importance que nous y accordons est essentielle si nous voulons demeurer présents et compétitifs dans le contexte des développements technologiques rapides qui s'opèrent.

Il faut accorder une priorité au développement de contenu francophone tant au niveau de la création artistique, des industries culturelles, des médias que de l'autoroute de l'information. Aussi, de nouvelles orientations ont été données pour la gestion du Fonds de l'autoroute de l'information. Nous avons également malgré le contexte budgétaire difficile, augmenté les budgets du Conseil des arts et des lettres du Québec et de la Société de développement des entreprises culturelles.

L'accès des Québécois à des activités culturelles d'ici et d'ailleurs et à des services de communications modernes doit constituer la finalité de notre intervention. Dans ce contexte, nous allons accélérer la mise en place d'équipements culturels dans toutes les régions ainsi que l'adaptation des équipements existants aux nouvelles technologies, notamment les bibliothèques.

6. Maîtrise d'oeuvre du projet culturel

Comme je l'ai dit plus tôt, le débat actuel sur l'avenir du Québec est fortement lié au débat culturel. On ne saurait aborder cet enjeu sans poser la question de la responsabilité qui est celle de la maîtrise d'oeuvre du projet culturel. La question est de savoir qui doit définir les orientations en matière de culture et de communications.

Je viens de vous faire part des priorités du gouvernement du Québec. Nos objectifs sont clairs; ils répondent à des besoins et des priorités établis avec nos partenaires. Mais l'efficacité et la convergence de nos actions risquent de se heurter à des décisions d'un autre gouvernement, le fédéral pour ne pas le nommer. Il n'est pas nouveau que le Québec déplore ce manque de convergence et affirme la nécessité d'un lieu unique de décision, justifié par notre spécificité culturelle.

Une conférence fédérale-provinciale réunira à Saskatoon, à la fin du mois d'avril, le ministre du Patrimoine canadien et les ministres responsables de la culture dans les diverses provinces et territoires. Les ministres doivent alors convenir de la nécessité d'une approche canadienne commune, d'une politique pour la formation de la main-d'oeuvre culturelle et s'engager à travailler en ce sens avec le Conseil canadien des ressources humaines. Ces ministres doivent également, au cours de cette conférence, convenir d'ententes fédérales-provinciales pour la gestion de certains programmes fédéraux de subvention dans le domaine culturel. Une façon pour le gouvernement du Canada de compenser la diminution de ses budgets en raffermissant son contrôle, en quelque sorte, sur les ressources des provinces.

Comment ne pas s'indigner que de telles incursions fédérales dans les compétences québécoises de la culture et de l'éducation se continuent et s'affirment avec autant d'assurance? Comment ne pas s'indigner que ces politiques, avec leurs critères et objectifs communs, tentent d'englober et définir notre culture, ses manifestations et son développement dans une perspective <<Canadian>>?

Je suis convaincu que la critique de l'Opposition sera d'accord avec moi pour déplorer cette situation et réaffirmer la nécessité que le Québec dispose des pouvoirs exclusifs dont il a besoin et qu'il soit lui-même responsable de redistribuer à ses citoyens l'argent qui provient d'eux.

J'ai d'ailleurs relu avec intérêt le message de Mme Frulla, en introduction à la Politique culturelle publiée en juin 1992. Je cite : <<comme ministre des Affaires culturelles, j'entends réaffirmer la nécessité pour le Québec d'obtenir la maîtrise d'oeuvre en matière culturelle sur son territoire. La culture revêt pour le Québec une importance fondamentale. À ce titre, il importe qu'on reconnaisse à son gouvernement les pouvoirs exclusifs qui lui sont nécessaires pour assumer ses responsabilités.>> Madame la Député de Marguerite-Bourgeois, j'ai souvent reconnu vos qualités et encore aujourd'hui, je salue votre perspicacité.

Vous avez en main, Monsieur le Président, toutes les données relatives aux crédits du ministère de la Culture et des communications pour l'exercice 1995-1996, et il me fera plaisir de répondre à vos questions.

Je vous remercie.


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