CHAPITRE IV

L'ÉCONOMIE DU QUÉBEC


la performance économique
la technologie
la main-d'oeuvre
les pme
la recherche
le commerce international
les infrastructures
la finance
le marché nord-américain


La performance économique

Le Québec se situe au 17e rang des pays de l'OCDE pour la taille de son économie. Son produit intérieur brut (PIB), qui dépasse les 160 milliards de dollars canadiens, représente près de 23 % de la production canadienne.

Une fois ajusté pour tenir compte de la parité des pouvoirs d'achat, le PIB du Québec est supérieur à celui de plusieurs pays européens dont le Danemark et la Norvège. Il équivaut à ceux de la Finlande et de la Nouvelle-Zélande réunis.

Le niveau de vie des Québécois est par ailleurs parmi les plus élevés au monde. Le Québec se situe au 13e rang des pays de l'OCDE pour son revenu par habitant.

L'économie du Québec constitue un ensemble dynamique d'industries qui évoluent au diapason des grandes tendances actuelles de l'économie mondiale : mondialisation des marchés, investissement dans les secteurs à forte incidence technologique et à valeur ajoutée et orientation de la production pour mettre en valeur les avantages du Québec sur le plan des échanges internationaux. L'économie du Québec est fort diversifiée et reflète toutes les caractéristiques d'une économie moderne postindustrielle.

D'une économie traditionnellement basée sur les ressources naturelles et l'exploitation des matières premières, le Québec est devenu un exportateur de produits semi-finis et finis. En 15 ans, la part des produits hautement technologiques dans les exportations québécoises est passée de 12,6 % à 27 %.

La performance de son économie le situe à l'avant-garde dans les domaines de l'aérospatiale, des télécommunications, de la métallurgie et de l'industrie pharmaceutique.

À la faveur d'une solide base industrielle, le Québec fonde sa croissance sur le développement de techniques de pointe et de secteurs industriels concurrentiels sur les marchés mondiaux. Sa stratégie de développement industriel est basée notamment sur le regroupement d'entreprises d'un même secteur d'activité qui interagissent, se regroupent et se concertent entre elles pour accroître leur compétitivité et accélérer leur croissance.

Parmi les 14 regroupements industriels identifiés, cinq sont de calibre mondial. Leurs entreprises entretiennent avec leurs partenaires des liens étroits qui se traduisent par une synergie bénéfique à l'ensemble du secteur. Ces secteurs, qualifiés de concurrentiels, sont l'aérospatiale; les produits pharmaceutiques; les technologies de l'information; les équipements de production, de transport et de distribution d'énergie électrique; la métallurgie.

Neuf autres regroupements offrent un bon potentiel de croissance et jouent un rôle important dans le développement des différentes régions du Québec. Il s'agit des équipements de transport terrestre; de la pétrochimie et de la plasturgie; des produits bio- alimentaires; de l'habitat et de la construction; de la mode et des textiles; des produits de la forêt; de l'industrie de l'environnement; des industries culturelles et du tourisme.

Participant au phénomène de mondialisation, les grandes entreprises québécoises s'internationalisent et, toute proportion gardée, y occupent une place relativement importante. Ainsi, plusieurs entreprises manufacturières québécoises ont vu leur rang s'améliorer substantiellement parmi les plus grandes entreprises en Amérique du Nord. Mentionnons Bombardier, Weston, Quebecor, Seagram et Cascades.

La technologie

Le Québec se situe parmi les pays industriels à la fine pointe de la technologie. Il fonde sa croissance sur le développement de techniques de pointe et de secteurs industriels concurrentiels sur les marchés internationaux.

L'hydroélectricité

Le Québec possède de l'énergie hydroélectrique en grande quantité. La contribution d'Hydro-Québec, en particulier, a eu un effet d'entraînement majeur sur l'utilisation de nouvelles technologies. Cette société d'État est à l'origine du développement des ressources hydroélectriques du Québec et de l'acquisition d'une expertise unique dans ce secteur.

SNC-Lavalin, Monenco : ces deux chefs de file québécois se classent parmi les dix premières entreprises au monde dont l'activité principale est le génie-conseil.

L'audace et la qualité des réalisations des firmes de génie-conseil et des services d'ingénierie québécois en hydroélectricité, en électrification rurale, en aménagement urbain et en exploitation des ressources naturelles ont valu au Québec d'acquérir un savoir-faire à l'échelle mondiale.

Les télécommunications

Tout comme l'hydroélectricité, l'industrie des télécommunications du Québec se situe à l'avant-garde de la technologie. Vu la complexité de son réseau de transport et l'étendue de son territoire, le Québec a gagné le pari des télécommunications, et les industries québécoises dans ce domaine ont exporté pour 3 milliards de dollars d'équipement et de matériel de télécommunications.

L'aérospatiale

Le Québec domine la scène canadienne dans le domaine de l'aérospatiale avec, entre autres, Pratt & Whitney, meneur mondial dans la conception et la fabrication de turbines; Spar Aerospatiale; Bell Helicopter et Canadair, qui fabrique le Challenger, le Regional Jet, un avion de transport régional à réaction de 50 places, ainsi que le CL 415, un avion- citerne conçu pour éteindre les feux de forêt. L'industrie aérospatiale du Canada, qui réalise un chiffre d'affaires de huit milliards de dollars, compte 60 000 emplois. La moitié de cette industrie est située au Québec, principalement dans la région de Montréal; elle emploie 30 000 personnes dans près de 150 établissements et génère 4 milliards de dollars de produits de pointe.

L'industrie pharmaceutique

L'industrie pharmaceutique est solidement épaulée par une infrastructure de recherche qui n'a d'équivalent nulle part au Canada, ce qui lui a permis de s'épanouir et de devenir l'un des secteurs les plus florissants de l'économie du Québec. Le chiffre d'affaires des entreprises pharmaceutiques, dont 95 % sont situées à Montréal, s'élevait à 2,5 milliards de dollars en l991. Environ 8 000 employés spécialisés participent aux efforts de 75 sociétés.

L'industrie du logiciel

Au Québec, le génie logiciel et la production de logiciels démontrent une vigueur particulière qui se traduit par des percées intéressantes dans plusieurs créneaux. Environ 500 entreprises sont engagées dans la production et l'adaptation de logiciels. La qualité des concepteurs, des programmeurs est un atout de taille pour cette industrie. On dénombre plus de 3 500 logiciels québécois, exploités dans les secteurs de la santé, de la production manufacturière, du commerce de détail, de la distribution en gros et de la construction, ce qui démontre une maîtrise et une capacité d'innovation remarquables.

Une des forces des firmes de logiciels québécoises réside dans leur capacité de concevoir des versions bilingues et même multilingues de leurs produits.

La main-d'oeuvre

À l'heure de la mondialisation des échanges commerciaux, le Québec dispose d'une main-d'oeuvre qualifiée dont la compétence et la polyvalence confèrent aux entreprises québécoises un net avantage. Plus de 50 % de la population active québécoise détient une formation de niveau postsecondaire ou universitaire. Les entreprises peuvent compter sur une main-d'oeuvre et sur des sous-traitants compétents tant dans le domaine de la haute technologie et dans celui de l'industrie lourde.

Les établissements d'enseignement adaptent leurs programmes de manière à pouvoir répondre aux besoins du marché et aux changements technologiques. L'accent est mis sur la formation permanente et le perfectionnement de la main-d'oeuvre. L'interaction entre les milieux de l'éducation et de l'industrie contribue à transmettre un savoir-faire qui accroît la productivité et améliore la qualité de la production. La main-d'oeuvre québécoise travaille dans plusieurs domaines d'avant-garde, tels que l'avionique et la télécommunication. Le secteur des services regroupe 74 % des salariés et celui de la fabrication manufacturière 22 %.

Les pme

Au nombre de 15 000, les petites et moyennes entreprises québécoises (PME) constituent plus de 60 % des établissements manufacturiers. Plus de 3 200 d'entre elles sont exportatrices et on les retrouve dans tous les secteurs de l'industrie. Grâce à leur capacité d'adaptation, les PME jouent un rôle essentiel comme outils de développement technologique tant en recherche qu'en commercialisation des produits. Beaucoup de grandes sociétés s'allient à elles, comme fournisseurs spécialisés et sous-traitants tant dans les domaines de haute technologie que dans l'industrie lourde.

Le Québec encourage la croissance des PME par l'entremise de programmes de soutien et de mesures fiscales adaptés à leurs besoins.

La recherche

Au cours des dernières années, le Québec a investi en recherche - développement (R-D) de façon continue à un rythme huit fois supérieur à celui de l'augmentation de son PIB. Ce rythme de développement a été trois fois plus rapide que celui du reste du Canada.

En affectant 1,68 % de son PIB à la recherche, le Québec s'est hissé dans le groupe de leaders technologiques reconnus par l'OCDE, au même rang que la Belgique et le Danemark.

L'industrie est devenue le principal investisseur dans la R-D au Québec. Elle a augmenté de façon significative sa contribution en participant à plus de la moitié de la hausse globale des investissments dans la R-D. Les sociétés mènent des activités de recherche et de développement tout en profitant de conditions avantageuses : soutien gouvernemental, appui des universités et des laboratoires publics et privés, collaboration active des PME. En orientant leurs travaux vers les points forts de l'industrie, elles permettent aux entreprises de faire face à la concurrence sur les marchés mondiaux.

Le nombre de personnes affectées à la recherche - développement dans l'industrie augmente à un rythme croissant. Celui-ci a plus que doublé depuis 1980. Le Québec dispose aujourd'hui d'un bassin de personnel de recherche industrielle proportionnellement supérieur à celui du reste du Canada.

La R-D industrielle du Québec se démarque à l'échelle mondiale dans quatre principaux groupes industriels soit : les technologies de l'information, l'aérospatiale, le transport et la pharmacie.

Le développement de la R-D par l'effort conjugué des universités et des entreprises est en pleine expansion. Ce type de partenariat s'est considérablement renforcé au Québec. Ainsi, plus de la moitié du financement industriel de la R-D universitaire du Canada est concentré au Québec.

Le commerce international

Le Québec vend plus de 40 % de sa production de biens et services à l'extérieur de son territoire. Ses exportations internationales de marchandises représentent environ 20 % de son PIB, soit trois fois plus que les États-Unis et deux fois plus que le Japon.

Au cours des dix dernières années, les exportations de marchandises du Québec ont connu une croissance vigoureuse et quasi ininterrompue. Ainsi, entre 1983 et 1993, la valeur des exportations a plus que doublé.

Sur les marchés internationaux, le Québec se classe parmi les trente premiers exportateurs et importateurs mondiaux. Par ailleurs, pour près de vingt produits, il se situe parmi les dix premiers exportateurs mondiaux. Au sein de l'OCDE, il se classe parmi les vingt premiers exportateurs et importateurs.

Faisant partie de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), le Québec s'impose comme un partenaire commercial majeur en Amérique du Nord. Huitième partenaire commercial des États-Unis, il vend pour plus de 21,8 milliards de dollars américains de marchandises sur ce marché, ce qui le classe devant le Royaume-Uni, la France, la Corée du Sud et l'Italie en tant que principal fournisseur.

Les États-Unis constituent le premier partenaire commercial du Québec. Entre 1983 et 1993, la valeur des exportations destinées aux États-Unis a pratiquement triplé, passant de 10,4 à 27 milliards de dollars. Bien que concentrées dans les régions du Centre Nord- Est, de l'Atlantique et de la Nouvelle-Angleterre, les exportations du Québec tendent à se déplacer progressivement vers d'autres régions dynamiques des États-Unis comme le Sud-Ouest.

Le Québec exporte principalement du matériel de télécommunications, du papier journal, de l'aluminium, des automobiles, des avions, du bois d'oeuvre, des pâtes de bois et du cuivre. Près de 80 % de ces exportations (27 milliards de dollars) sont destinés aux Etats- Unis, surtout dans la région atlantique, le Midwest et la Nouvelle-Angleterre.

Après les États-Unis, l'Europe occidentale constitue le principal partenaire commercial du Québec. Cette région reçoit 12 % des exportations québécoises. L'Asie est au troisième rang avec 4,2 % des exportations.

Le Québec s'impose sur les marchés internationaux grâce à ses produits liés aux industries de l'aluminium, du papier journal et de l'amiante. Le Québec détient le premier rang des exportateurs mondiaux pour l'aluminium et l'amiante, le second pour le papier journal.

Au cours des dix dernières années, la haute technologie s'est positionnée favorablement dans le bilan des exportations. Ainsi, les équipements et le matériel de télécommunications, les automobiles, les avions de même que les moteurs et les pièces d'avions figurent aujourd'hui parmi les dix principaux produits d'exportations du Québec. Cette performance s'explique par la forte croissance enregistrée par ces produits sur les marchés internationaux entre 1983 et 1993.

Les infrastructures

En raison de l'étendue du territoire, le Québec s'est doté d'un réseau de transport et de communication moderne et efficace. Les réseaux routier et ferroviaire mènent à toutes les régions du Québec et aux grandes villes américaines et canadiennes. Le long du fleuve Saint-Laurent se retrouvent une dizaine de ports en eau profonde, ouverts toute l'année. Cette infrastructure est complétée par trois aéroports internationaux et une centaine d'aéroports régionaux et locaux.

Montréal est une plaque tournante des transports aériens internationaux. La présence de grands fabricants de matériel de transport y est, certes, pour beaucoup. C'est non seulement la seule ville au monde où l'on trouve toutes les composantes servant à la fabrication d'un avion, mais c'est aussi la capitale mondiale de l'aviation civile. Trois grands organismes internationaux y ont leur siège social : l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), un organisme de l'ONU ; l'Association internationale du transport aérien (IATA), chargée de la réglementation ; et la Société internationale des télécommunications aéronautiques (SITA).

Situés en périphérie de Montréal, les aéroports internationaux de Dorval et Mirabel ont accueilli près de 9 millions de passagers en 1993 et celui de Québec (Sainte-Foy) environ 700 000.

Le Québec est un site maritime de première importance en Amérique du Nord. En effet, le tiers du trafic canadien transite dans ses ports, ouverts à la navigation été comme hiver. Sept-Īles, Port-Cartier, Montréal et Québec comptent parmi les plus importants et rivalisent avantageusement avec ceux de la Côte Est américaine.

Le réseau ferroviaire québécois est intégré au réseau canadien et relié au réseau américain, que ce soit pour le transport des passagers ou celui des marchandises.

Deux sociétés canadiennes exploitent 85 % du réseau ferroviaire québécois : le Canadien National (5 000 km) et le Canadien Pacifique (2 200 km). Une société d'État, Via Rail Canada, est responsable du transport des voyageurs dans les principales régions du Québec.

Le transport terrestre est facilité par 60 000 KM de routes dont près de 2 000 KM d'autoroutes qui communiquent avec celles du reste du Canada et des États-Unis, permettant un acheminement rapide des produits aux clients nord-américains. L'étendue du réseau routier et la rigueur du climat ont fait des ingénieurs québécois des spécialistes de la chaussée réputés dans le monde entier. L'évaluation informatisée de l'état des routes et la mise au point de nouveaux revêtements, comme les bétons-fibres, représentent deux percées québécoises importantes.

Le système de télécommunications au Québec est des plus modernes. Le réseau téléphonique, reconnu pour son efficacité, est couplé de réseaux de transmission de données informatiques et de télécopie. La qualité de ces réseaux fait de Montréal le principal centre d'acheminement des liaisons internationales du Canada et l'un des premiers au monde à utiliser la communication téléphonique numérique.

La finance

Les marchés financiers jouent un rôle clé quant au dynamisme économique du Québec et Montréal est reconnue comme un important centre international en ce domaine. Le Québec compte sept des dix banques à charte canadiennes et 25 banques étrangères. De ce nombre, onze ont leur siège canadien ou leur siège social au Québec.

Le Mouvement Desjardins, une fédération de coopératives d'épargne et de crédit, est une spectaculaire réussite financière. À la fin de 1993, il contrôlait un actif de 75 milliards, caisses populaires et sociétés d'assurances réunies, ce qui en fait la plus importante institution financière entièrement québécoise.

Quarante-cinq sociétés de fiducie et d'hypothèque et 435 compagnies d'assurances stimulent également l'activité économique. En outre, les milieux d'affaires montréalais ont créé un concept nouveau : les centres financiers internationaux. Il s'agit d'un outil novateur qui s'appuie sur un large éventail de transactions internationales, comme les services bancaires pour non-résidents, la gestion de portefeuille pour les clients étrangers et le montage financier de projets à l'extérieur du Canada.

La Bourse de Montréal, la première au Canada à implanter un marché des options, innove encore en offrant un marché entièrement intégré, soit un marché d'actions et des marchés d'options et de contrats à terme. La valeur totale des transactions sur actions s'élevait à 32,4 milliards de dollars en 1994, comparativement à 7 milliards dix ans auparavant.

La Caisse de dépôt et placement, outil financier original créé par l'État, administre et fait fructifier les fonds de caisses de retraite et des régimes d'assurances publics. Son portefeuille se chiffrait à 47 milliards de dollars en 1993. Par ce moyen, les Québécois peuvent participer au capital-actions des entreprises.

Contrairement aux autres provinces canadiennes, le Québec administre et perçoit ses propres impôts sur le revenu des sociétés et des individus. Sa fiscalité permet à un investisseur étranger de profiter des mêmes avantages qu'un entrepreneur québécois. Les sociétés installées au Québec jouissent d'un des plus faibles taux d'imposition sur les bénéfices en Amérique du Nord. Diverses mesures servent à promouvoir les investissements, la recherche et l'innovation technologique.

Le marché nord-américain

L'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) entre le Canada, les États-Unis et le Mexique est entré en vigueur le 1er janvier 1994. Avec cet accord, qui ajoute de nombreux avantages à ceux de l'Accord de libre-échange (ALÉ) déjà en vigueur entre le Canada et les États-Unis, la plupart des tarifs douaniers seront éliminés progressivement selon les produits. Les ressources, l'agriculture, la fabrication, les services et les industries financières sont couverts par l'entente.

C'est toute l'Amérique du Nord qui s'offre comme marché pour les biens et services produits au Québec. Tout comme les gens d'affaires québécois, les étrangers qui investiront au Québec bénéficieront des avantages de cet accord qui offre des perspectives nouvelles.