Montréal, le jeudi 6 avril 1995 - Le ministre de l'Éducation du Québec, monsieur Jean Garon, a rendu public aujourd'hui, en présence de nombreux représentants du monde de l'école et du travail, les détails d'un programme de diversification des voies offertes aux jeunes en formation professionnelle qui aura un caractère expérimental au cours des deux prochaines années.
Monsieur Garon a souligné qu'il s'agit là de la réalisation d'un engagement du Parti Québécois pris lors de la dernière campagne électorale en même temps qu'un élément de réponse au mandat très clair que lui a donné le Premier ministre, Monsieur Jacques Parizeau, dans le Discours inaugural du 29 novembre dernier, de <<redonner à l'enseignement professionnel au secondaire la grande place qui doit être la sienne.>>
Les mesures annoncées font suite au rapport d'étape du Groupe de travail sur la relance de la formation professionnelle des jeunes au secondaire et la formation technique mis en place par monsieur Garon en janvier dernier. Ce groupe compte des personnes provenant tant du monde de l'enseignement, du monde du travail que du ministère de l'Éducation.
Le ministre de l'Éducation a déclaré: <<C'est un véritable trousseau de clés que le ministère de l'Éducation propose aux jeunes Québécois et Québécoises qui ont réussi leur 3e année du secondaire et qui sont attirés par la formation professionnelle.>>
<<Ces clés ouvrent des alternatives nouvelles et diversifiées qui permettront aux jeunes d'échapper au choix tragique qui les confronte trop souvent: poursuivre des études théoriques qui les rebutent ou décrocher.>>
Ces alternatives ouvriront la porte de la préparation au marché du travail grâce aux formules de travail-études et d'apprentissage en entreprise tout en maintenant possible la poursuite de la formation vers les diplômes d'études professionnelles ou collégiales. <<Le spectre du cul- de- sac trop longtemps associé aux anciens programmes de professionnel court pourra ainsi être écarté>>, a poursuivi le Ministre.
Le programme expérimental comporte cinq volets:
Ainsi, les jeunes sans projet d'orientation professionnelle précis pourront prendre contact avec divers domaines professionnels, ce qui les aidera à vérifier leurs goûts et leurs intérêts pour différents métiers et à en explorer la réalité sur le marché du travail.
Cette mesure pourrait être expérimentée dès septembre 1996 dans certains programmes et dans des commissions scolaires spécifiquement autorisées à cet effet. Ces dernières devraient présenter des projets innovateurs permettant la réalisation des objectifs de cette mesure.
L'un des critères retenus pour approuver les projets sera l'association formelle des enseignants et enseignantes et des établissements d'enseignement à l'élaboration ainsi qu'à l'évaluation du projet.
Ainsi, les établissements d'enseignement pourront, sur une base volontaire, expérimenter l'un ou l'autre volet de ce programme. Des initiatives pourront être prises dès septembre 1995 dans le cas des quatre premiers volets et à compter de septembre 1996 pour ce qui est de la 5e mesure proposée. Ce programme sera expérimenté pendant une période de deux ans; il pourra être ajusté en cours de route et sera réévalué à la fin de chaque année.
Monsieur Garon a tenu à souligner toute l'importance que le gouvernement dans son ensemble et de façon toute particulière, le Premier ministre, monsieur Jacques Parizeau, et lui-même attachent à la question de la formation professionnelle des jeunes. <<Le Québec n'a tout simplement pas les moyens que des milliers d'élèves ne développent pas comme ils le pourraient leur compétence, leurs talents et leur confiance parce que la voie qui leur conviendrait n'existe pas. Il faut inventer, expérimenter et ajuster tous ensemble, écoles, enseignants et entreprises, les voies nouvelles dont nos jeunes ont besoin pour réussir et c'est justement le but du programme annoncé aujourd'hui,>> a indiqué monsieur Garon.
Comme le Premier ministre, monsieur Jacques Parizeau, l'a fortement souligné hier, à Lévis: <<Le retour à la normale des choses pour nos jeunes qui décrochent passe par une réforme profonde de l'enseignement professionnel.>>
Monsieur Garon a insisté sur la nécessaire collaboration entre tous les partenaires du monde de l'enseignement pour relever le défi que pose à la société québécoise l'effondrement des effectifs des jeunes en formation professionnelle au secondaire au cours des dernières années. Il y a à la fois urgence d'agir, d'où l'annonce de ce programme à ce moment-ci même si les préparatifs pour la prochaine année scolaire sont amorcés, et nécessité de procéder par étapes, d'où son caractère expérimental.
Le constat qu'en 1992-1993 seulement 273 jeunes de 16 ans, 4 146 de 17 ans et 7 278 de 18 ans étaient inscrits dans un programme conduisant à un diplôme de formation professionnelle, tant dans le secteur régulier que dans celui des adultes, ne peut en effet laisser indifférent, surtout lorsqu'on met ces chiffres en relation avec ceux du décrochage.
<<Il faut absolument offrir des alternatives aux jeunes qui ne sont pas à l'aise dans des études théoriques et que décourage la perspective de compléter la 4e année secondaire avant d'amorcer leur formation professionnelle>>, a déclaré monsieur Garon. <<Ils ont besoin qu'on leur donne une chance, non pas qu'on les punisse parce qu'ils sont attirés davantage par une formation plus pratique que théorique comme on punissait à l'époque ceux qui écrivaient de la main gauche>>, a poursuivi le ministre.
<<Comme ministre de l'Éducation, il y a une conviction que j'entends véhiculer au cours des prochaines années et c'est justement qu'il n'y a pas une façon d'apprendre qui est meilleure qu'une autre: un enfant peut être auditif ou visuel, gaucher ou droitier, aimer davantage la théorie ou davantage la pratique... il n'y a là rien de mal et il faut rendre possibles ces cheminements différents et non pas les brimer>>, a déclaré monsieur Garon.
Le rehaussement, il y a quelques années, des seuils d'admissibilité à la formation professionnelle au niveau de la 4e année secondaire complétée a eu comme effet d'élever la moyenne d'âge de ceux qui font un retour aux études en formation professionnelle au secondaire à 27 ans alors qu'elle n'est que de 24 ans dans le secteur technique collégial.
Monsieur Garon est convaincu qu'avec la collaboration de tous, et en prenant le temps voulu, il sera possible de faire plus de place aux jeunes en formation professionnelle sans abaisser le niveau de qualité auquel les enseignants tiennent à juste titre. <<Au contraire, il y a là une merveilleuse occasion d'enrichissement pour l'école et les enseignants grâce à l'apport d'une clientèle plus jeune qui voudra revenir en formation continue après une expérience de travail-études ou d'apprentissage en entreprise et également par le développement d'une culture de collaboration plus étroite des professeurs de l'école avec l'entreprise.>>
<<L'école, l'entreprise, le monde du travail et le gouvernement ont la responsabilité de s'entendre et de tout mettre en oeuvre pour offrir aux jeunes attirés par la formation professionnelle après la 3e année secondaire des voies diversifiées de stages, d'alternance travail-études ou d'apprentissage adaptées au goût et aux talents de chacun mais visant dans tous les cas tant la préparation immédiate au marché du travail que la continuité de la formation.>>
Monsieur Garon a insisté sur le caractère expérimental et volontaire du programme puisqu'il ne s'agit aucunement de modifier substantiellement le régime pédagogique du secondaire à la grandeur du Québec. L'annonce faite aujourd'hui est aussi un appel lancé aux enseignants en formation professionnelle et aux institutions d'enseignement pour qu'ils développent des projets ouvrant de nouvelles voies en formation professionnelle dans le but de les mettre au point et de les valider en collaboration avec les enseignants, les administrations scolaires et les entreprises de leur milieu.
Il faut que tous cheminent ensemble si nous voulons trouver les bons ajustements pour que l'accès à la formation professionnelle puisse se faire plus tôt tout en assurant le maintien des exigences de qualité souhaitées par les enseignants et par l'école.
Il faut aussi prendre le temps de développer une culture de collaboration entre l'école et le monde des affaires, entre les enseignants et ceux qui oeuvrent en entreprise. <<Il est évident que le succès de la valorisation de la formation professionnelle auprès des jeunes passe par la multiplication des projets concrets de stages, d'alternance travail-études et d'apprentissage en entreprise>> a déclaré monsieur Garon.
Enfin, il faut qu'à l'intérieur même de la formation générale, l'école ait la marge de manoeuvre requise pour adapter la pédagogie de façon à rendre les apprentissages de base plus significatifs et plus intéressants pour les élèves. Plusieurs des volets du nouveau programme font appel à une pédagogie adaptée visant à assurer aux élèves engagés dans un processus de stages ou d'apprentissage une formation générale de base suffisante pour leur permettre de reprendre le cours d'une formation menant à l'obtention d'un diplôme d'études professionnelles ou d'études collégiales.
<<La mise en branle immédiate du programme dont certains volets pourront s'appliquer sur une base volontaire dès septembre prochain n'empêchera pas d'aborder la question de l'accessibilité des jeunes à la formation professionnelle dans le cadre des États généraux>>, a indiqué monsieur Garon. <<Toutefois, grâce aux initiatives qui seront prises à partir de la prochaine rentrée scolaire, il sera possible de discuter à partir d'expériences concrètes et vécues et pas seulement en théorie>>, a conclu le ministre.
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